Dossier du mois

La taxe de séjour, à quoi ça sert ?

Donner du sens à la collecte de la taxe de séjour pour en améliorer la perception
Publié le 26 avril 2023 , par Mariek Verhoeven
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– La taxe de séjour, mais si, vous savez, la petite ligne en bas de la facture d’hébergement, qui n’était pas mentionnée dans le tarif et qui arrive comme un cheveu sur la soupe au moment de régler la note, vous voyez ?

– Ah oui, la taxe de séjour, cet impôt collecté par on ne sait trop qui pour en faire on ne sait trop quoi ?

Et si on en parlait ? Si on donnait à cette contribution toute la valeur qu’elle mérite ? Si on faisait des hébergeurs qui la collectent et des clients qui la paient des ambassadeurs de nos destinations, qu’on soit tous fiers de contribuer au développement, à l’amélioration touristique de nos territoires ?

Récapitulons : la taxe de séjour est une contribution que les touristes paient lorsqu’ils séjournent dans un hébergement marchand, sur un territoire qui en a institué la perception. Les hébergeurs la collectent et la reversent à la collectivité. Son utilisation est dédiée à financer des “dépenses destinées à favoriser la fréquentation touristique de la commune ou du groupement ou aux dépenses relatives à des actions de protection et de gestion des espaces naturels à des fins touristiques ” (extrait du Guide pratique de la taxe de séjour). Lorsqu’il existe un office de tourisme sous statut d’EPIC sur le territoire, le produit de la taxe de séjour lui est intégralement reversé.

La taxe de séjour a pour objectif de ne pas faire supporter au seul contribuable local les frais liés au tourisme. Les recettes de la taxe de séjour sont entièrement affectées à la promotion du tourisme de la collectivité perceptrice (Article L. 2333-27 du CGCT).

Pistes pour valoriser le produit de la taxe de séjour

Au-delà de l’information et de l’accompagnement technique des hébergeurs à la collecte, voici quelques idées pour valoriser ce dispositif :

Communiquer auprès des hébergeurs

Pour Jérôme Dauzats, directeur de l’office de tourisme Gascogne-Lomagne, dans le Gers, “les hébergeurs sont les faiseurs de séjours. Sans eux, le voyageur ne ferait que passer et il ne serait pas “touriste”. Et de faiseurs de séjours, ils deviennent donc faiseurs de taxe de séjour.”

Cette année, l’office de tourisme a organisé un événement pour rendre hommage aux hébergeurs du territoire. “En leur rendant hommage, nous leur avons dressé le bilan de leur collecte et présenté les projets que cela permettra de concrétiser. Des projets à leur service.”

70 hébergeurs de toute nature (hôteliers, campings, loueurs particuliers, etc.) ont ainsi participé à cette rencontre dédiée au bilan de la collecte de la taxe de séjour et aux projets de l’office de tourisme financés grâce à leur implication dans la collecte.

Informer les voyageurs

Il est important de communiquer auprès des touristes sur les projets qui sont financés par la taxe de séjour. La taxe de séjour peut sensibiliser les touristes à l’impact de leur présence sur l’environnement et les infrastructures. Cela permettra aux visiteurs de comprendre comment leur contribution est utilisée pour améliorer leur expérience touristique.

Par exemple, lors de la prise du logement, informer les voyageurs sur la taxe de séjour et son utilisation. En payant une taxe, les touristes peuvent mieux comprendre les coûts associés à leur présence et être plus enclins à adopter des comportements responsables. 

Par ailleurs, si le montant de la taxe de séjour est bien affiché chez l’hébergeur, comment faire de cet affichage obligatoire un outil pédagogique de sensibilisation ? Par exemple, en expliquant brièvement comment la taxe est utilisée pour améliorer leur expérience de séjour dans la destination et en mettant si besoin à disposition des informations plus complètes.

Offrir des avantages aux touristes

Certains territoires offrent des avantages aux touristes qui paient la taxe de séjour, tels que des réductions sur les activités touristiques ou des entrées gratuites dans des musées ou des sites touristiques (type “cartes d’hôtes”). Cela peut encourager les hébergeurs à se faire connaître et inciter les touristes à profiter davantage de la destination.

A Vaujany, en Isère, les hébergeurs à jour de leur taxe de séjour peuvent remettre à leurs clients un bon d’échange qui leur permet d’aller chercher leur “pass découverte” à l’office de tourisme. Un bon moyen d’entretenir la relation avec les hébergeurs et avec les visiteurs, avec un bon retour de satisfaction et de fidélisation.

Améliorer l’expérience touristique… et la qualité de vie des habitants

La taxe de séjour permet de financer les dépenses liées au tourisme, ce qui peut contribuer à améliorer l’expérience touristique et à maintenir l’attrait de la destination. Les recettes fiscales peuvent aussi participer à financer des projets améliorant la qualité de vie des résidents locaux. Une belle manière aussi de montrer que le tourisme n’est pas un secteur hors sol et qu’il œuvre au développement de l’économie locale.

Par le paiement de la taxe de séjour, les touristes, qui bénéficient directement des services et des infrastructures mis à leur disposition, sont ainsi invités à contribuer au financement de ces dépenses.

Cela peut participer à réduire les inégalités fiscales entre les résidents locaux et les touristes. Dans certains territoires parfois victimes de “tourisme bashing”, c’est peut-être un argument pour rappeler aux résidents que la qualité de vie de leur territoire est intimement liée à l’activité touristique et inversement.

Utiliser la taxe de séjour comme outil d’observation

Les données des plateformes de collecte (3D Ouest, taxedesejour.fr, Aloa…) sont une source fiable et pertinente d’informations concernant la fréquentation des hébergements du territoire. La montée en puissance des plateformes de commercialisation type Airbnb ou Abritel a permis d’améliorer le recouvrement de la taxe des hébergements diffus, pas forcément connus des services en charge de la collecte ni des organismes de gestion des destinations (OGD).

De plus, depuis 2020, les fichiers fournis par ces plateformes de commercialisation doivent préciser les dates de début de séjour, ce qui permet d’améliorer substantiellement la capacité d’analyse de fréquentation des clientèles issues des plateformes.

Ces données alimentent son observatoire touristique local, qui permet ensuite de faire des analyses plus poussées, aide à comprendre ses visiteurs, leurs comportements de séjour, leurs évolutions dans le temps, et à prendre éventuellement des décisions en conséquence (création de nouveaux produits touristiques, tarifications, nouveaux services, etc.) qui soient les plus adaptées aux réalités du terrain et aux attentes de ses clientèles.

Utilisez ces données issues du recouvrement de la taxe de séjour pour communiquer de manière factuelle, chiffres et analyse en main, auprès des hébergeurs mais également auprès des élus et de tous les acteurs de votre écosystème.

Témoignage

Grand Chatellerault Tourisme, une démarche inspirante

Témoignage de Véronique Boirel, directrice de l’office de tourisme Grand Châtellerault, dans la Vienne.

Lors de la mise en place de la taxe de séjour sur le territoire en 2016, la collectivité s’est trouvée face à deux enjeux :

  1. faire accepter ce nouvel “impôt” aux hébergeurs
  2. faire en sorte que les hébergeurs “jouent le jeu” en déclarant correctement leur taxe de séjour, la collecte étant basée sur du déclaratif

Le choix a rapidement été fait de proposer aux hébergeurs de rentrer dans un projet collectif plutôt que dans un rapport de force. Une personne a été nommée au sein de l’équipe pour accompagner les hébergeurs dans la prise en main de la collecte, mais également pour expliquer les services que l’office de tourisme pouvait leur rendre.

En parallèle, l‘office de tourisme a engagé une démarche de SADI “Schéma d’Accueil et de Diffusion de l’Information“. Dans ce cadre a été créé un groupe de travail “communauté accueillante” au sein de laquelle le sujet de la taxe de séjour a été discuté : à quoi elle sert, qu’est-ce qu’on en fait ? Le groupe a été amené à travailler collectivement sur des supports de promotion. Une carte du territoire est née à cette occasion, qui évolue chaque année en fonction des remontées des besoins des clients, exprimés par les hébergeurs.

La crise Covid est arrivée et, comme dans beaucoup d’offices de tourisme, a resserré le lien avec les hébergeurs, avec le besoin de renforcer la relation entre l’OT et les touristes via leurs hébergements. Toujours dans le cadre du SADI, un poste de référent hébergeurs a été créé, avec un profil parcours client, afin de faire le lien entre les besoins des hébergeurs et le travail de l’OT.

Les hébergeurs se retrouvent aujourd’hui une fois par an pour un bilan de la collecte de la taxe de séjour, qui permet de valoriser le travail des hébergeurs et de valoriser son affectation. L’OT diffuse une newsletter spécifique hébergeurs pour faire le point sur la collecte et surtout pour parler des services de l’OT pour mieux les satisfaire et satisfaire les demandes de leurs clients. Un kit accueil a été réalisé, pendant la crise du covid, et s’est pérennisé aujourd’hui. Les hébergeurs le présentent à leurs clients comme un geste d’accueil et il évolue dans le temps en fonction des besoins remontés par les hébergeurs.

Pour Véronique Boirel, la taxe de séjour fonctionne un peu comme un “budget participatif” : les hébergeurs sont invités à participer au plan de promotion du territoire. Outre la carte touristique du territoire, les hébergeurs font aujourd’hui remonter leur souhait de relancer une démarche de “carte d’hôte”. Une carte qui serait un cadeau qu’ils font à leurs clients et non  une contrepartie du paiement de la taxe de séjour. Un dispositif qui permet de mieux accueillir et de valoriser le territoire.

Par ailleurs, l’analyse des chiffres de la taxe de séjour est communiquée aux hébergeurs afin de leur donner des pistes pour améliorer leur prestation. Par exemple, l’augmentation très significative de la collecte par les OTA démontre aux propriétaires de meublés et de chambres d’hôtes qui ne l’ont pas encore fait, la nécessité de dématérialiser leur dispositif de réservation, et d’assouplir leurs conditions d’annulation. Les chiffres montrent également le besoin d’un classement adapté aux demandes des clientèles, bref de s’adapter aux comportements des clientèles qui ont fortement évolué ces dernières années. La communauté d’agglomération  utilise les données de la taxe de séjour pour éditer chaque année un “cahier de l’économie touristique“, afin de mesurer l’impact du tourisme sur le territoire et de toucher de nouveaux acteurs.

Enfin, l’office de tourisme entretient une relation de proximité avec les communes du territoire, leur permettant de mieux faire connaître leur offre de service aux nouveaux hébergeurs qui se déclarent auprès des communes.

Le sujet de la taxe de séjour a finalement fait émerger la question de la relation de l’office de tourisme avec les clients du territoire, par l’intermédiaire de leurs hébergeurs. Aujourd’hui les hébergeurs mieux valorisés et informés se sentent plus encore ambassadeurs de leur territoire.

➜ Les ressources de l’office de tourisme pour leurs hébergeurs sur la page pro https://www.tourisme-chatellerault.fr/pro/je-suis-hebergeur 

Et la taxe additionnelle ?

Depuis une dizaine d’années, de nombreux départements ont fait le choix d’instituer une taxe additionnelle de 10% aux montants des taxes de séjours municipales ou intercommunales déjà existantes, pour pallier les baisses de ressources.

Cette taxe additionnelle est collectée par les hébergeurs, perçue par les collectivités locales et reversée aux départements. Certains départements ont mis en œuvre des démarches pour accompagner les collectivités dans une amélioration de la perception de la taxe.

C’est le cas de Vaucluse Provence Attractivité, qui a notamment réalisé en 2022 une enquête sur la collecte et la perception de la taxe de séjour dans le Vaucluse. L’agence anime un groupe de gestionnaires de la taxe et leur propose des outils (voir leur Guide la taxe de séjour) et actions pour les aider à en améliorer la perception. Elle propose également une démarche de sensibilisation des élus aux enjeux de la taxe de séjour, aux contrôles et aux barèmes appliqués pour augmenter les recettes au service du développement touristique des territoires et du département, avec l’accompagnement d’un expert.

Le produit de cette taxe additionnelle est bien entendu affecté aux dépenses destinées à promouvoir le développement touristique du département. Le Département du Vaucluse communique sur son utilisation et l’a même formalisé dans une fiche de son schéma de développement touristique 2020-2025.

https://vaucluseprovence-attractivite.com/2022/10/13/taxe-de-sejour-les-resultats-de-lenquete/ 

Par ailleurs, la Loi de Finance 2023 a institué une nouvelle taxe additionnelle “régionale” de 34% dans les 3 départements maritimes de PACA à compter du 1er janvier 2023, et en 2024 pour les départements de la Gironde, des Landes, du Lot-et-Garonne, des ­Pyrénées-Atlantiques, de la Haute-Garonne, du Gers, des Hautes-Pyrénées, de l’Ariège, du Lot, du Tarn et de Tarn-et-Garonne en Nouvelle Aquitaine, et de l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales en Occitanie. La communication sur l’utilisation de cette taxe additionnelle est claire puisqu’elle a été instituée pour participer au financement de grands projets ferroviaires dans les trois régions concernées.

Le mot de la fin


Pour Caroline Barbey, du cabinet Barbey Consulting en charge de la collecte de la taxe de séjour pour certaines collectivités, “il faut que les gouvernances prennent conscience de l’intérêt et de la nécessité de communiquer auprès des hébergeurs et clients sur la taxe de séjour. De même, la gestion de la collecte est très chronophage et sous-estimée. Enfin, une bonne analyse des données de la taxe de séjour permet de définir des projets adaptés au territoire et même si le montant de taxe paraît insignifiant, l’ensemble des nuitées mis bout à bout représente des montants conséquents.

Formations sur le sujet

Formation : Piloter et développer le produit de la taxe de séjour | Trajectoires Tourisme - Formation continue tourisme
Piloter et développer le produit de la taxe de séjour
Tarif
700,00 € HT
Durée
4 jours / 14 heures
Date et lieu
15 mai au 23 mai 2025, À distance
Mobiliser et impliquer les acteurs de sa destination autour d’un projet
Tarif
Sur demande
Durée
2 jours / 14 heures
Date et lieu
Formation uniquement en sur-mesure
Observation Touristique Locale : estimer sa fréquentation touristique
Tarif
200,00 € HT
Durée
60 jours / 3 heures
Date et lieu
Date de démarrage au choix
Formation : Design de services pour le tourisme | Trajectoires Tourisme - Formation continue tourisme
Cartographier ses parcours clients
Tarif
680,00 € HT
Durée
4 jours / 14 heures
Date et lieu
Pas de session proposée pour le moment

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