Si on ouvrait le livre des métiers, nous serions bien embêtés pour faire une liste exhaustive des métiers possibles dans le tourisme tellement ils sont nombreux et différents d’une structure à l’autre. Connaissez-vous par exemple celui de chargé.e des animations et événementiels en office de tourisme ?
Sommaire
- Un métier varié
- De nombreuses interactions
- Un métier de réseau
- Une vraie fonction de représentation
- Un environnement "à la rude"
- Une activité soumise à de nombreuses évolutions
- De belles évolutions de carrière possibles
- Les formations pour devenir animateur touristique
- Des formations pour les animateurs en poste
Lorsque l’office de tourisme se voit confier la mission de gestion événementielle ou de l’animation sur le territoire, c’est le.a responsable ou chargé.e des animations et événementiel qui y travaille. En collaboration avec l’ensemble des services de la destination et avec les prestataires, il est chargé de :
- proposer et gérer un programme d’animations et des événements ponctuels pendant toute la saison
- coordonner ou organiser des événements
- développer des partenariats
- promouvoir les animations
Son objectif ? Rendre les vacanciers heureux… et les fidéliser. Aujourd’hui, on trouve cette fonction presque uniquement dans les offices de tourisme de stations (sports d’hiver, thermales, balnéaires) : des lieux de résidence pour une clientèle en séjour, à divertir en dehors du ski, de la baignade ou de la cure.
Nous vous embarquons dans le quotidien d’un animateur touristique, avec la complicité de Sandrine Garboud-Billot, responsable du service animation à l’office de tourisme de l’Alpe d’Huez, en Isère, et Charlie Kennedy, responsable événements à l’office de tourisme des Carroz, en Haute-Savoie, qui nous parlent de leur métier avec passion.
Un métier varié
Programmateur, coordinateur, logisticien, artiste… la fonction d’animateur fait très souvent appel à de multiples talents. Savoir-faire pointus et savoir-être adaptés aux nombreuses interactions auxquelles l’animateur est confronté. Pour Sandrine, il s’agit principalement de programmer des concerts et des spectacles sur la station. Animer le “hors-ski” et “l’après-ski”, surtout pendant les périodes de vacances scolaires, en étant organisateur ou coordinateur d’animations. Outre le divertissement des visiteurs, l’objectif est d’animer les zones commerçantes pour créer du flux. Les week-ends, le service animation se met au service des événements sportifs de la station.
Sandrine apprécie son autonomie. Elle gère son budget pour la saison. Elle aime aussi la diversité des missions et ne s’ennuie jamais.
De nombreuses interactions
L’animateur est un pivot avec les autres acteurs de la destination pour monter un programme d’animation : les prestataires (artistes, artificiers…), les visiteurs et la population locale, les associations locales, les différents services de l’office de tourisme (graphiste, communication, diffusion de l’information) et de la collectivité (services techniques, police municipale). Il coordonne ces différents acteurs. La fonction nécessite d’aimer le contact direct, de créer du lien. Pour Charlie, l’animateur doit aussi accompagner et stimuler ses partenaires, afin de les aider à lancer leurs propres projets évènementiels, les aider à faire émerger de nouveaux projets. Il cite en exemple des animations natures mises en place aux Carroz, en partenariat avec les Fédérations locales de chasse et de pêche.
Il explique que la relation avec les commerçants est un travail de longue haleine, il faut leur rendre visite régulièrement, les valoriser comme ambassadeur de la destination, s’assurer que le programme d’animation est bien mis en valeur. Sur certains territoires, des associations de commerçants permettent de coordonner des actions.
Le moteur de Charlie, c’est d’être “en charge”. De plein de choses. De travailler avec d’autres corps de métiers, de s’assurer que tout se passe bien. Cette adrénaline est ce qui lui a le plus manqué pendant la crise Covid.
Un métier de réseau
De nombreux animateurs et responsables animations se mettent en relation pour échanger sur leurs problématiques métiers, coordonner la venue d’artistes sur leurs destination pour mutualiser les déplacements, et les coûts. Les fédérations des offices de tourisme de Savoie, Haute-Savoie et Isère organisent chaque année un séminaire des métiers de l’animation et de l’événementiel pour les accompagner dans les évolutions de leur métier, leur permettre de développer leur réseau et nourrir les programmes grâce aux nombreux partages d’expériences.
Une vraie fonction de représentation
L’animateur, ou le responsable animation pour les plus grandes stations, est très souvent en première ligne. Cette mission de l’office de tourisme est particulièrement visible et observée par les différents partenaires de la destination : commerçants, socio professionnels, et par les visiteurs. L’animateur est présent sur le terrain, en exposition et en représentation publique de l’OT. Cette fonction nécessite de la diplomatie, un certain sens politique, et d’être à l’aise dans ses relations.
L’employeur a tout intérêt à avoir du personnel stable sur cette fonction. Outre le bénéfice d’une personne qui connaît bien le territoire et ses acteurs, la pérennité de la fonction permet d’installer et de mettre en place des structures et des investissements qui améliorent la qualité de l’accueil des vacanciers, d’avoir une vision plus large et une efficacité relationnelle plus importante.
Un environnement “à la rude”
Être animateur en station de sports d’hiver n’est pas de tout repos. L’animateur est très souvent à l’extérieur, dans des conditions climatiques parfois rudes et physiquement éprouvantes. Sandrine explique : “On est beaucoup à l’extérieur. En hiver, les conditions météo peuvent être difficiles. On travaille en horaires décalés, le soir jusqu’à 21h, pendant les vacances scolaires, les jours fériés. Mais on connaît les conditions quand on s’engage dans ce métier passion”. Pour Charlie, l’hiver, la neige, le froid, on attend que ça ! Certes, cela crée des contraintes, techniques notamment. Mais on l’a choisi !
Sandrine convient qu’elle travaille dans un cadre privilégié : un environnement très agréable. “On est là pour divertir, pour faire plaisir, pour mettre des étoiles dans les yeux des touristes. Il faut avoir envie d’être disponible. Et aimer le contact avec la clientèle”.
Une activité soumise à de nombreuses évolutions
Comme beaucoup de métiers, l’animation connaît de nombreuses évolutions ces dernières années. Tout d’abord la clientèle, plus exigeante, moins patiente. Qui a besoin d’être conseillée, accompagnée, orientée, et qui recherche des services et offres accessibles immédiatement. Les visiteurs ne savent pas toujours très bien où ils sont, comme on a pu le voir lors de l’été 2020 avec une très forte fréquentation de néo pratiquants de la montagne. Il faut savoir s’y adapter. Sandrine précise qu’elle adapte son programme aux différentes clientèles : un noël féérique à la montagne pour les familles lors des fêtes de fin d’année, un programme d’après-ski adapté aux clientèles de février-mars consommatrices de ski.
Évolutions réglementaires
Vigipirate, covid… les évolutions réglementaires sont nombreuses et de plus en plus fortes. Charlie cite par exemple les normes liées à l’impact sonore. Il insiste sur le fait que la sécurité des personnes sur une manifestation est la priorité numéro 1.
Evolutions technologiques
Comme pour de nombreuses activités, le numérique a eu un impact fort sur l’activité. Notamment au niveau de la circulation de l’information. Tout va beaucoup plus vite et la diffusion de l’information aux partenaires et au public est largement facilitée : site internet, réseaux sociaux, messageries internes… Le matériel a énormément évolué. Comme l’explique Charlie, le smartphone remplace la GoPro, la tablette permet de commander à distance les éclairages et machines à fumée par exemple.
Développement durable
Bien sûr, le développement durable impacte l’activité, notamment sur le volet écologique. D’un côté dans le choix des animations : éducation à l’environnement, interventions d’associations locales de défense de l’environnement… De l’autre, dans l’intégration de bonnes pratiques dans la mise en place des activités : si aujourd’hui tout le monde a adopté les ecocups au détriment des gobelets jetables, ou un volume d’éditions au plus près de leur diffusion, il reste encore du chemin pour intégrer une gestion pertinente des déchets, des circuits courts pour les produits alimentaires, des goodies adaptés… tout en continuant à prendre, et à donner, du plaisir. Autre exemple de bonne pratique : les responsables de programmation se contactent volontiers entre eux pour mutualiser les déplacements de certaines compagnies. C’est gagnant gagnant, et c’est bon pour la planète !
Crise Covid
Pour Sandrine, la restriction de l’accès à la culture a eu un retentissement sur le succès du divertissement. Pour pallier la fermeture des remontées mécaniques, l’office de tourisme de l’Alpe d’Huez a fait le choix, dès février 2021, d’une programmation importante et variée, tout en tenant compte des contraintes sanitaires. L’équipe s’est démenée pour maintenir la féerie des vacances à la neige, en privilégiant les déambulations et en supprimant les gros rassemblements.
Pour Charlie, le Covid a demandé de s’adapter sans cesse aux nouvelles consignes : mairie, Préfecture, direction, chacun avait son interprétation des textes et il fallait jongler avec. “La crise a permis de se challenger”, de trouver de nouvelles idées. La question des jauges a amené à généraliser une gestion d’inscriptions préalables aux activités proposées. Certes un peu contraignante, au final les clients comme les organisateurs s’y retrouvent et la plupart des équipes envisagent de pérenniser ce système, en l’améliorant.
Démarche qualité
La démarche qualité déployée par les offices de tourisme a également des impacts sur les services animation. Pour Sandrine, la création de procédures de travail a aidé à structurer le quotidien et à l’intégration des collaborateurs.
De belles évolutions de carrière possibles
Selon les opportunités, sa disponibilité et sa mobilité géographique, l’animateur peut devenir responsable animation. Dans le réseau, il y a de nombreux exemples de responsables animation qui sont devenus directeurs d’office de tourisme. L‘animation est une bonne école pour appréhender les relations avec les différents interlocuteurs de l’office de tourisme. Le secteur de l’événementiel offre de belles perspectives de poursuite de carrière. Enfin, en tant que programmateur, on peut tout à fait imaginer gérer le programme culturel d’une salle de spectacle municipale.
Le métier d’animateur touristique est un métier varié, qui requiert de nombreuses compétences, et notamment une bonne faculté d’anticipation, de la flexibilité et de l’agilité pour réagir à tous les contretemps et aléas susceptibles d’intervenir lors de l’animation ou de l’événement. C’est un métier de contact, et très polyvalent. Il n’y a pas de routine. Il faut être curieux pour identifier de nouveaux artistes, de nouveaux concepts et avoir envie de partager, de faire découvrir son territoire. Pour Sandrine et Charlie, le contact avec la clientèle et le retour direct de la satisfaction du public sont fabuleux.
Les formations pour devenir animateur touristique
En formation initiale ou en reconversion, plusieurs formations peuvent mener à la fonction d’animateur touristique :
- Le BTS Tourisme, la formation qu’ont suivi Sandrine et Charlie,
- Le BAFA,
- Un titre professionnel “animateur loisirs et tourisme” de niveau IV (Bac) est proposé un peu partout en Auvergne Rhône Alpes : Cette certification, de niveau bac, peut être un tremplin pour une éventuelle poursuite d’études.
Ces formations proposent souvent de l’alternance ou des périodes de stage, sur des périodes adaptées à la saisonnalité de l’activité. N’hésitez pas à les solliciter pour compléter vos équipes !
Des formations pour les animateurs en poste
Une fois en poste, ou sur de la montée en compétence interne, la formation continue vous propose des solutions. Trajectoires Tourisme en proposera en 2023 (à voir à la fin de cet article).
Merci aux personnes suivantes pour leur disponibilité et le partage de leur enthousiasme :
- Sandrine Garboud-Billot, responsable animation Alpe d’Huez Tourisme
- Charlie Kennedy, responsable événements-animation Les Carroz
- Richard Llorca, responsable animation OT Chamrousse, pour les photos
- Alice Pallier, responsable de formation à l’AFRAT
- Eric Lemaire, chargé de mission Offices de Tourisme 73 Savoie Mont-Blanc, ancien directeur d’office de tourisme et ancien responsable animation
Article rédigé par Mariek Verhoeven